La souplesse en shotokaï

On a coutume de dire que le Shotokaï est un style souple. Mais cette souplesse n’est jamais définie et chacun en développe sa propre conception.

L’acceptation la plus répandue de la souplesse est ce que j’appelle la souplesse de cirque. Est alors considéré comme souple celui qui peut lever la jambe très haut, qui peut faire le grand écart.

Q’un débutant ait cette image de la souplesse est compréhensible mais celle-ci doit avoir évoluée après quelques années de pratique, car ce n’est pas ce type de souplesse qui caractérise le Shotokaï.

Ceci ne veut pas dire que la souplesse de jambe est à dédaigner car elle est fort utile pour la réalisation des nombreux coups de pied.

Un minimum d’assouplissement doit donc être fait dans cette direction. Mais il ne faut pas faire n’importe quoi dans ce domaine. Le but doit toujours être d’assouplir le corps dans son ensemble, et s’acharner par exemple à faire le grand écart entraînera plus d’inconvénients que de bienfaits.

Dans 99% des cas, celui-ci ne peut être obtenu qu’au prix d’une rétroversion du bassin qui entraîne une cambrure exagérée des lombaires qui devra être compensée au niveau dorsal. Résultat: on peut constater une grande raideur du dos et dés épaules chez ceux qui ont forcé pour faire le grand écart.

Il faut toujours faire attention dans les exercices d’assouplissement que les progrès dans une partie ne se fassent pas au détriment d’une autre partie. Le corps doit être considéré dans son ensemble. De la nuque aux pieds, la musculature postérieure ne constitue qu’une seule chaîne. Souvent quant on force dans une position donnée on ne fait que s’acharner sur un maillon. Or c’est la chaîne dans son ensemble qui doit être allongée harmonieusement.

Souvent on ne fait qu’allonger un maillon au détriment d’un autre, ce qui ne fait que déplacer une raideur sans bénéfice global. En forçant on risque aussi quand il y a un point de raideur dans la chaîne, d’allonger les parties les plus souples sans s’attaquer à la partie raide.

Dans ce domaine, comme dans beaucoup d’autres, douceur fait plus que force et rage. Il faut rester à l’écoute de son corps.

Et il faut savoir qu’une certaine configuration du bassin avec le col du fémur trop court ne permettra jamais une très grande souplesse des membres inférieurs. Dans ce domaine si tout le monde peut progresser certains feront yoko geri plus haut que d’autres mais ce n’est pas pour cela qu’ils travailleront plus souplement et mieux. Car je le répète ce n’est pas, même si elle n’est pas à dédaigner, ce genre de souplesse qui est importante en Shotokaï. Ce qui est important et ce qui devrait caractériser le Shotokaï, c’est la détente et le relâchement dans le mouvement.

Si une certaine souplesse statique a été acquise par une gymnastique intelligemment faite il faudra encore que celle-ci soit conservée dans le mouvement.

Cela nécessite donc que les techniques enseignées soient justes et n’entraînent aucune tension inutile. La justesse de la forme et la coordination devront être poussées à leur maximum. N’oublions pas qu’en Shotokaï l’efficacité des techniques doit venir de la forme. C’est la forme qui crée la force.

Par exemple l’efficacité d’un oi tsuki doit venir d’un zenkutsu correct au moment de l’impact. Dans cette position si l’on pousse le poing avant, la poussée doit se répercuter dans le pied arrière et si l’on pousse avec le pied arrière la force doit être intégralement transmise dans le poing. En cas de forte résistance les zones contractées apparaîtront, ce sont elles qui céderont sous la pression. Bien souvent se sera soit l’épaule soit les lombaires.

Quant une posture est juste, c’est le squelette qui en assure la force permettant au système musculaire d’être relâché. Si par contre une posture ou une technique n’est pas juste il faudra compenser l’erreur par une tension musculaire. Dans ce cas la répétition du mouvement entraînera des tensions et non pas un assouplissement.

Si un bon entraînement fait progresser un mauvais fera régresser. Au lieu d’aller vers un agrandissement des capacités physiques on va vers une restriction de celles-ci. Il n’y aura pas de progression mais au mieux stagnation par l’installation dans une répétition stérile.

La répétition de techniques justes doit dans un premier temps donner un « corps équilibré ». Les grandes traditions martiales qu’elles soient Japonaises ou Chinoises ont un terme pour qualifier cet état. On parlera par exemple de corps « setaï ». Donc un certain niveau technique doit donner un « corps équilibré » et c’est seulement à partir de cet équilibre général que l’on pourra exécuter des techniques plus sophistiquées.

Un progrès en détente entraînera un progrès de la technique et la répétition de techniques justes favorisera le relâchement. La progression est le fruit d’un incessant va et vient entre corps et technique. Plus la technique sera subtile plus elle augmentera les capacités physiques et plus ces capacités augmenteront plus elles permettront d’élever le niveau technique.

Dans un premier temps toute cette progression et cette dynamique positive reposera sur une amélioration du relâchement, sur une meilleure détente musculaire.

Le grand problème pour les occidentaux se situera presque toujours au niveau des épaules. Des épaules larges et musclées sont en occident les signes extérieurs de la force, alors que dans les arts martiaux le siège de celle-ci se situe dans le hara.

Si l’on pense que la force vient de larges épaules et de gros bras, on aura tendance à vouloir développer la musculature et à contracter inconsciemment les épaules. Si par contre en pense que la puissance vient du ventre, on relâchera les épaules pour que la force puisse être transmise sans blocage jusqu’au poing.

Cette orientation pourra alors constituer le début d’un travail interne. Sans entrer dans le détail pour l’instant, on peut relever que celui-ci repose sur un niveau encore plus élevé de relâchement du corps, plus particulièrement du ventre et du diaphragme.

Mais avant d’aborder ce travail interne, je propose un stade intermédiaire. Après les notions de détente et relâchement il est important de développer la notion d’élasticité, car il ne faut pas que le relâchement débouche sur la mollesse.

Qu’est-ce que l’élasticité ?

Un bon élastique est celui qui peut se tendre beaucoup et revenir très vite à sa longueur initiale. Un mauvais élastique pourra soit se tendre beaucoup mais restera détendu soit se brisera si on l’étire. De même pour un muscle si le relâchement devient mollesse, celui-ci sera détendu mais n’aura pas le tonus, l’élasticité qui lui permet de reprendre sa longueur initiale rapidement. Le mouvement sera détendu mais lent et sans force.

Les muscles doivent fonctionner comme des élastiques neufs et donner alors une sensation de vitesse et de dynamisme. Le corps dans son ensemble doit donner cette sensation d’élasticité. Ceci, particulièrement dans les enchaînements, permettra aux techniques de s’enchaîner souplement et sans coupure.

Si le corps est pensé comme élastique, on arrivera facilement à ce résultat car c’est la façon dont on pense qui détermine la façon dont on bouge.

Il faudra aussi pour arriver à cette sensation, bouger d’une façon globale et non pas localement. Cela signifie que pour l’exécution de n’importe quelle technique on s’efforcera de mobiliser l’ensemble du système musculaire et non pas un seul groupe. On obtiendra ainsi force et vitesse.

Par extension la notion d’élasticité qualifiera la différence entre la détente, la contraction et la vitesse pour passer de l’un à l’autre. Les deux domaines-clefs des arts martiaux que sont la vitesse et la puissance sont déterminés par cette différence entre les deux états. Plus la distance entre les deux sera grande, plus il y aura de puissance. On obtiendra alors une force « explosive » et non pas une attaque avec la force des bras ou alors sous forme de poussée comme on le voit quelque fois en Shotokaï.

Cette distance peut être agrandie dans les deux directions : en augmentant la contraction ou en approfondissant la souplesse.

Travailler sur la contraction pourra s’avérer profitable pendant un certain temps aux personnes qui manquent de tonus musculaire. Mais pour la majorité des pratiquants cette direction de travail ne sera pas une source de grand progrès car on arrive très vite à son maximum dans le domaine de la contraction. Par contre dans la direction du relâchement la marge de progression est pratiquement infinie et source de nombreux bienfaits.

Il y a donc un choix à faire, une direction de travail à privilégier et c’est souvent ce choix qui permet de définir le style. En Shotokaï le choix à été fait au départ par Maìtre Egami. On peut même dire qu’il s’est imposé à lui. Il s’agit bien sûr de l’approfondissement de la souplesse. Et pourtant quand on regarde des photos de Maître Egami jeune, on peut dire qu’il avait des dispositions pour la contraction. Mais le travail en force l’avait emmené dans une impasse technique en ce qui concerne l’efficacité.

Ce choix de la souplesse, nous devons donc l’assumer, le développer, l’approfondir et même l’enrichir pour qu’il nous mène techniquement au plus haut.

Pour cela il faudra:

• Dans la gymnastique, privilégier des véritables techniques d’assouplissement plutôt qu’un simple échauffement. Toutes les techniques de gymnastiques dite douce sont intéressantes même si elles ne constituent pas la panacée et même si elles ont l’inconvénient de demander du temps. Mais là c’est à chacun de se prendre en charge et de travailler individuellement en dehors des cours.

Le livre de BERTHERAT sur l’anti-gymnastique constitue une bonne introduction à ces techniques et permet surtout de prendre conscience de ce qu’il faut éviter de faire, à reconnaître les grosses erreurs à ne pas commettre.

• Dans le kihon il faudra veiller à la justesse des techniques. Ce sera donc aux professeurs de faire un travail d’analyse des différentes techniques et de prendre conscience des nombreuses façons d’exécuter une technique. Une technique juste est un mouvement qui ne crée aucune tension inutile, qui s’améliore quand la souplesse et l’élasticité augmentent et qui est puissant et rapide parce que bien coordonné.

Maître Egami lui-même dans un article de la revue Shotokaï Japonaise que nous a traduit Kiyoko Oshima, mettait en garde les pratiquants contre deux dangers qui guettent notre pratique:

• Une souplesse mal comprise qui donne des mouvements de danse et non des techniques de Karaté.
• Une recherche d’efficacité par un retour disait-il aux anciennes techniques contractées.

Les techniques Shotokaï doivent être souples et puissantes et puissantes parce que souples. Et non pas molles, de cette pseudo souplesse qui justifie aux yeux de certains leur inefficacité.

Le Shotokaï est un des plus jeunes styles, il se doit donc d’être le plus dynamique, le plus inventif et le plus ouvert pour devenir un des meilleurs. Il en a le potentiel et il ne dépend que de nous, ses pratiquants pour qu’il le devienne.

© Copyright Patrick Herbert, directeur technique Shotokaï Europe, novembre 2004

Pourquoi avons-nous les genoux écartés en seiza ?

À vrai dire, je n’en sais rien. Presque tous les autres styles s’assoient les genoux serrés, ce qui est la façon normale de s’asseoir au Japon. Même de nombreux groupes Shotokaï au Japon font seiza les genoux serrés.

Maître Murakami est-il à l’origine de cette façon de faire et si oui, pourquoi, je ne lui ai jamais posé la question. Si donc quelqu’un a des lumières sur la question, qu’il nous en fasse part.

Ceci étant dit, en plus du côté esthétique, nous pouvons trouver quelques raisons de faire ainsi.

La première, et certainement la raison principale, est l’assouplissement du bassin qu’elle entraîne. Les européens ont très nettement un déficit de souplesse du bassin par rapport aux asiatiques. Ceci est principalement dû à un problème de civilisation. L’utilisation de la chaise en occident fait que nous nous asseyons tous rarement par terre et que nous nous tenons jamais accroupis.

Au Japon dans de nombreux restaurants les repas se font en seiza. La première fois que j’ai mangé ainsi dans un restaurant Japonais, ce fut en 1978, lors du dernier voyage de Maître Egami en France. Nous étions quelques élèves très impressionnés de dîner avec le fondateur du Shotokaï, accompagné de son assistant, Maître Myamoto et de Maître Murakami. Nous nous étions d’emblée installés dans un magnifique seiza, le plus ouvert possible. Avec le temps, la position devint pénible puis franchement douloureuse.

Les Japonais en face de nous se tenaient décontractés tandis que nous étions figés dans notre posture bien décidés à nous montrer des vrais samouraïs insensibles à la douleur. Mais au bout d’un certain temps (trois quarts d’heure ou une heure) celle-ci devait se lire sur notre visage et Maitre Egami intervient auprès de Maitre Murakami qui nous « permit » de bouger. Pour ne pas perdre la face, et aussi parceque nous étions complètement ankylosés, nous attendîmes encore quelques minutes pour cesser le supplice.

Si j’avais réfléchi plutôt sur le seiza, je me serai évité cette douloureuse épreuve. Mais d’un autre côté, comme à cette époque je faisais des séances de seiza composés entre vingt et trente minutes dans le seul but d’avoir les fesses qui touchent bien le sol, ce ne fut qu’un entraînement un peu plus long que d’habitude.

Maître Murakami disait souvent que le seiza permettait de progresser en souplesse de bassin pour les yoko geri. C’est vrai que l’on peut constater une corrélation, même s’il y a des exceptions, entre la souplesse seiza et celle du yoko geri.

Seiza jambes écartés me paraît donc un bon exercice d’assouplissement des hanches, à condition de ne pas trop creuser le dos mais de rechercher plutôt dans cette position une détente globale.

D’autre part, comme seiza est la posture pour le mokuso (instant de méditation avant le salut) l’ouverture du bassin dans cette posture peut être rapprochée de celle du zazen dans la médiation Zen.

L’ouverture des jambes en seiza donne une grande stabilité au sol, mais est-ce martialement la meilleure position ? On peut s’interroger quand on voit les postures maintenues dans les livres anciens, ou le seiza des initiés. Non seulement ils sont assis genoux serrés, mais ils ont aussi le dos légèrement arrondi au niveau des lombaires.

Esthétiquement, c’est moins majestueux mais incontestablement plus propice au mouvement. Car les arts martiaux sont avant tout des arts du mouvement où la meilleure position est celle qui permet de bouger le plus rapidement possible.

Je me souviens que la première fois où j’ai vu un grand maître assis genoux serrés et légèrement ramassé sur lui même, j’avais trouvé cela bizarre et pas très beau, habitué que j’étais à notre position très droite. Mais à l’analyse c’est sa position qui était juste. A-t-on jamais vu un fauve par exemple se cambrer avant de bondir?

En conclusion, gardons le seiza genoux écartés pour le cérémonial du salut et comme exercice d’assouplissement du bassin, mais adoptons la position genoux serrés et dos détendu, martialement plus juste pour tout exercice dans cette position.

© Copyright Patrick Herbert, directeur technique Shotokaï Europe, février 2004

Gedan baraï

Nous allons commencer la description de quelques techniques de base du Karaté Shotokaï tel qu’il est pratiqué dans l’association Shotokaï Europe.

Pour chaque technique nous proposons plusieurs façons de faire en suivant une progression. Nous avons en effet adopté un enseignement en spirale et non pas linéaire. Dans celui-ci nous proposons plusieurs façons de faire à chaque fois plus complexes pour la même technique. Cela n’a rien de révolutionnaire. Même l’éducation nationale procède ainsi. Les mathématiques enseignées en terminale ne sont pas les mêmes qu’en sixième.

Dans un enseignement linéaire, on propose toujours la même façon de faire, seul le niveau d’exécution est sensé évoluer avec les années. C’est donc une méthode plus simple à enseigner, vous répétez toujours la même chose. Cela correspond bien à un enseignement fondé sur la répétition, pédagogie préférée des Japonais mais c’est aussi le moins efficace. Répéter un mouvement incorrect, et celui-ci est toujours incorrect au début, favorise l’acquisition de défauts.

Il est préférable de solliciter l’intelligence et la compréhension plutôt que la répétition pour l’apprentissage des mouvements. La répétition sera utile dans un second temps pour peaufiner l’exécution et acquérir une parfaite coordination.

Si un élève répétait pendant toute sa scolarité le programme de mathématique de sixième il le connaîtra parfaitement six ans plus tard, mais saura-t-il résoudre des équations compliquées?

Nous allons donc vous proposer trois niveaux d’exécution de gedan barai:

1er Niveau


Pour ce 1er niveau qui est celui du débutant nous allons insister sur deux points.

1er point – la coordination du pied et du poing

Cela signifie que la défense, le contact de l’attaque et de la défense se fera au moment où vous posez le pied avant de zenkutsu.

2ème point – coordination du bras et de l’avant-bras.

Le bras et l’avant-bras doivent commencer et finir leur mouvement ensemble et non pas bouger l’un après l’autre.

A noter
– Les mouvements de bras et d’avant-bras ne doivent pas être terminés au moment de l’impact. Le bras aura donc une forme arrondie au moment du contact.
– A ce niveau le corps et le bras bougent ensemble. Nous n’attendons pas que le gedan barai soit arrivé avant d’avancer le corps. Ceci pour ne pas apprendre à bouger une partie (le bras) sans bouger le corps.
– On aurait pu ajouter la coordination avec hikite. Les deux bras bougent ensemble coordonnés avec le pied.

2ème Niveau


A ce que l’on aura appris précédemment on ajoutera deux choses.

1. Continuité du mouvement du bras pour que le gedan barai se fasse en un seul temps.
2. Coordination de l’intention (ki) et du mouvement.

1. Continuité du mouvement.

La continuité du mouvement de bras dans gedan barai (et cela est vrai pour les autres techniques) ne pourra pas être obtenue si l’on exécute le mouvement dans deux directions opposées. Il existe des techniques pour supprimer le temps d’arrêt d’un mouvement exécuté dans deux directions opposées mais il nécessite un niveau plus avancé pour être abordé.

A ce stade la continuité pourra être facilement obtenue en faisant un mouvement circulaire sur un plan incliné.

2. Coordination du ki et du mouvement

Souvent on entend des expressions comme lancer le poing vers la hanche de l’attaquant. Ceci est une erreur.

Pour exécuter correctement gedan barai le mouvement de bras doit se faire latéralement, dans la direction de sa propre jambe arrière. C’est la jambe et donc le corps qui la suit qui va vers l’avant, vers le partenaire. Ceci bien sûr ne s’applique que pour ceux qui ont adopté le zenkutsu avec les hanches de profil tel qu’il est montré dans le livre de Maître Egami.

La force et la vitesse en Shotokaï découlent souvent de cette rotation des hanches dans les déplacements, mais celle-ci en fait aussi sa difficulté. Sans la compréhension de la relativité des mouvements de bras qui doivent être faits par rapport au corps, les techniques seront décalées et le plus souvent inefficaces. L’intention (ki) ne correspond pas au mouvement effectué réellement.

3ème Niveau


Là encore nous ajouterons deux éléments supplémentaires à ce que nous avons vu précédemment.

1. Ne pas pousser et ne pas mettre du poids sur la jambe d’appui (jambe arrière).
2. Coordination pied-poing-hara.

1. Ne pas pousser et ne pas mettre du poids sur la jambe d’appui (jambe arrière).

Pour faire Zenkutsu en partant de la position Shisentai, ne pas mettre de poids sur la jambe arrière (jambe gauche si on avance avec la jambe droite) permet d’exécuter un mouvement complexe combinant un déplacement avant-arrière et un déplacement haut-bas, différent d’un simple déplacement en diagonale. Bien sûr dans les deux cas nous obtiendrons une diagonale, de la position debout à la position zenkutsu. Mais dans un cas le mouvement se fait en diagonale dans l’autre c’est la résultante de deux mouvements. La vitesse et la puissance ainsi obtenues seront complètement différentes. Je comprends la perplexité de ceux qui n’ont aucune idée de musoku sans lequel tout ceci est difficilement compréhensible.

L’autre point souffrira du même inconvénient car il met en scène le hara et tout le monde n’en possède pas en parfait état de marche.

2. Coordination du mouvement de pied de poing et de ventre.

Tout Karatéka frappé d’une légère surcharge pondérale, chose fréquente après vingt ans de pratique, pense avoir un hara développé. Ce serait trop simple, il ne faut pas confondre gros ventre et hara.

Le hara est une notion dynamique, un mouvement interne qu’il faut coordonner aux autres mouvements. En fait, c’est lui le chef d’orchestre, c’est donc plutôt les autres mouvements qui doivent s’harmoniser avec lui. Le hara tout le monde en possède potentiellement un, mais celui-ci doit être réveillé. Il agira alors comme un turbo délivrant un surcroît de puissance à toutes les techniques.

A la coordination du pied et du poing en ajoutera donc un mouvement de hara qui augmentera considérablement la puissance de la défense. Seul le développement du hara et de la coordination permet d’avoir l’efficacité par la souplesse.

Le Shotokaï, qui trop souvent oscille entre pseudo-souplesse inefficace et contraction presque aussi inefficace, peut alors se rapprocher du Karaté souple et puissant voulu par Maître Egami.

Voici donc trois façons de faire gedan barai mais il en existe beaucoup d’autres. Le 1er niveau correspond à peu près au travail d’une Ceinture orange, le 2ième niveau à celui d’une 1er Kyu ou 1er Dan et la 3ième à celui d’un 3ième Dan.

© Copyright Patrick Herbert, directeur technique Shotokaï Europe, février 2004

Les passages de grades

Article rédigé en 1988 pour le Bulletin du Murakami Kai

En plus de mes félicitations aux nouveaux et nouvelles ceintures noires, nombreux cette année, je voudrais livrer quelques réflexions sur les passages de grade.

Je commencer par un vœu concernant les nouveaux 1er Dan. Bien sûr, la ceinture noire est la sanction de plusieurs années de travail. Mais ce n’est pas et ce ne doit être pour personne un aboutissement. Dire que le 1er Dan n’est que le commencement de la véritable pratique du karaté est devenu un lieu commun. C’est pourtant une réalité dont peuvent témoigner tous ceux qui ont continué à s’entraîner, cette première étape franchie.

Le 1er Dan ne reflète que l’acquisition d’une base technique minimum permettant d’entreprendre une véritable recherche.

Je souhaiterais donc que cet examen constitue pour tous les nouveaux gradés, le point de départ d’un véritable entraînement et une motivation supplémentaire pour s’investir un peu plus encore dans cette recherche passionnante qu’est la pratique du Shotokai.

Quelques remarques maintenant sur les examens en général.

La propension des spectateurs à juger est tout à fait naturelle. Que les jugements les plus péremptoires soient le fait des moins anciens, cela aussi est normal, même si cela peut paraître contradictoire.

Juger semble très facile. Cela peut en effet l’être si l’on se contente d’un seul critère comme ont tendance à le faire les néophytes. Ceux-ci se contentent de juger ce qu’ils voient. Et ce qu’ils voient, c’est le candidat à l’instant t. Mais ils ignorent l’instant t-1, qui permet de juger le chemin parcouru et ne pensent pas à l’instant t+1, son devenir : est-il sur la bonne voie, n’a-t-il pas dès maintenant à corriger un petit détail qui va, à plus ou moins longue échéance, l’empêcher de progresser ?

Les paramètres dont il faut tenir compte sont donc nombreux. Il m’aurait été possible d’en citer de nombreux autres, je ne le ferai pas ici car le but n’est pas de former des examinateurs, mais plutôt d’inciter à une plus grande modération dans les jugements.

Je rappelle à ce sujet que le Maître, quand il prenait un nouvel assistant dans un jury, le faisait dans un premier temps pour qu’il apprenne à se forger un jugement à son contact et au contact des assistants plus expérimentés.

Que ceux qui assistent aux examens en profitent donc pour comparer leur conclusion avec celle du jury. Celui-ci ne détient pas « la » vérité, mais a pour lui le niveau technique et l’expérience. Son verdict peut donc servir de référence.

Je ne m’étendrai pas sur le cas des candidats qui se jugent eu-mêmes. Dans aucun domaine, on ne peut être juge et partie. Une telle prétention dans les arts martiaux est inadmissible, et ne vient que confirmer à posteriori les jugements contestés.

C’est aux professeurs d’inculquer les fondements de la pratique des arts martiaux. Et c’est leur attitude qui sert avant tout de modèle à leurs élèves. Leur responsabilité est donc grande dans ce domaine.

Que quelques-uns estiment être les mieux placés pour juger leurs élèves, c’est une position qui se défend. Qu’ils se laissent aller à émettre des réserves sur le résultat d’un examen, cela ne se défend plus et risque un jour de se retourner contre eux.

D’ailleurs et par expérience, je dirai que c’est souvent le jugement sur ses élèves qui est le plus difficile à rendre. Les professeurs, et cela est naturel, sont attachés à leurs élèves et à travers ceux-ci, c’est un peu eux qui sont jugés.

Tout cela peut quelque fois nuire à l’objectivité du jugement et en toute bonne foi.

Au-delà d’une technique, le Shotokai aspire à être une VOIE, un chemin qui mène à la connaissance de soi et des autres.

Les examens dans cette optique ne sont qu’une péripétie. Mais de cette péripétie on peut tirer un enseignement. Ils révèlent en effet, souvent, le véritable caractère, la capacité de chacun à accepter un échec et à le surmonter.

Rappelons pour finir, que dans une pratique correcte, SANS BUT, et c’est ainsi que doit être abordé le Shotokai, tous ces problèmes ne devraient jamais se poser.

© Copyright Patrick Herbert, directeur technique Shotokaï Europe

Interview de Bernard Monneret

1/ Pouvez-vous nous raconter comment est née cette passion ?

J’ai eu curieusement, lorsque j’étais un enfant. d’une douzaine d’années, durant un bombardement en 1943, un flash curieux, me représentant « Professeur d’Arts Martiaux » ; Alors qu’en fait j’ignorais tout de cette discipline, (alors très peu connue en France) !

Je me contentais juste alors, de n’être qu’un gymnaste le plus performant possible…

J’ai totalement oublié ce rêve, mais cette envie m’est revenue lorsque j’ai vu le film « Du sang dans le soleil » avec James Cagney… Scénario relatant la vie d’un journaliste au Japon… Celui-ci étant expert en Arts Martiaux, s’évertuait à se défaire de tous ses méchants ennemis !… Nous avons un jour, plaisanté avec un septième Dan de Judo (Georges BAUDOT), ayant découvert que lui aussi, avait été orienté dans la même direction, par ce même film d’aventures ! …

A 16 ans j’ai néanmoins hésité entre étudier les Arts.Martiaux ou me perfectionner dans la pratique de la danse qui m’attirait également ! Mon choix a été orienté surtout pour l’incidence »Psychique » qu’elle semblait sous-entendre pour l’équilibre de ses pratiquants …

2/ Quelles disciplines avez-vous pratiquées ?

J’ai donc débuté par le Judo en restant surpris de ne pas y découvrir le travail à mains nues que j’imaginais…Au fil des années d’étude et de compétitions, j’y ai acquis le grade de troisième dan ; Ce niveau ne pouvait être dépassé à cette époque des années « 57« …

Le KARATE cherchait à s’implanter en France par le biais d’Henri PLEE.

A l’occasion d’une sélection Judo, où nous devions représenter à Paris, le Sud-est, (pour le 20 me anniversaire du JUDO) : Simon Moschetto, autre lyonnais (hélas disparu assez jeune) et moi-même, sommes allés nous documenter sur cette discipline, au club d’Henri Plée, (montagne Sainte Geneviève à Paris); celui-ci et A.Picard découvraient également par le biais d’une visionneuse (!), les petits secrets, apparents, de cette discipline. Intéressés par cette curieuse approche du BUDO ? Nous sommes donc allés participer à ce premier stage de Karate à Biaritz, ce même été, chez un professeur d’éducation physique. Stage auquel nous n’étions que sept participants pour toute la France !

Henri PLEE se faisait assister dans son travail de pionnier par A. PICARD (ex boxeur français)… Leur Ipon Kumite ou Sambon –Kumite d’époque, s’apparentaient plus à un assaut de boxe française… Dont ils avaient conservés quelques exercices de base ! (Les coups de pieds bas) Mais les lectures des récits de Samouraïs ou assimilés faites par Henri PLEE, entre les heures d’entraînement, nous enthousiasmèrent…

Simon et moi voulions vraiment découvrir ce que nous pressentions de ces BUDO mystérieux …Et sommes donc revenus chacune de ces années qui suivirent tenter de comprendre l’évolution… Hiroo Mochizuki, jeune pratiquant de 17 ans, nous apprit en premier lieu, tout sur les Katas de Heihan , (la première année)…Puis tout sur ceux de Pin han (l’année suivante) !… (Son père ayant changé d’école entre temps) !… Et puis ce fût le redoutable OSHIMA, impressionnant de détermination !… Bernard Macquin, et HARADA Sensaï (avec ses exercices de « Feeling » interminables), sans parler de BASSIS que nous suivîmes à Avignon, plusieurs années de suite, pour assimiler les fondements de cette discipline, exigeant beaucoup d’efforts physiques !…Avec plusieurs autres Lyonnais également convaincus des possibilités de SHOTOKAÏ.

Mais curieusement nous n’avons pas été découvrir Maître MURAKAMI, qui pourtant s’implantait en France durant cette même période !… Ce que nous ferons bien plus tard aux alentours des années 1970

2 bis/Ces disciplines sont-elles complémentaires ?

Entre le Judo et le Karate, le parallèle est difficile. Tous deux se pratiquent bien en Kimono, mais tous deux s’opposent par le « MAAÏ » (notion de distance et de « Tîming » de conclusion.)

– Le Judoka a besoin d’établir impérativement, un contact au préalable de toute action, lui permettant de saisir, puis de projeter son adversaire, (selon son choix ou la bonne opportunité) en utilisant ses jambes ou ses hanches, voir en lui portant quelques clefs de bras ou étranglements….

– Alors que le karate-Ka peut facilement tenir son adversaire à distance, par des techniques de poings ou de pieds !

Quant aux autres disciplines, comme l’Aïki-do, dont le contact est facultatif ou seulement ponctuel, elles pourraient effectivement permettre des échanges avec les Karatekas, mais chacune a ses propres spécificités ou conceptions philosophiques dépendantes de l’éthique liée à la pratique et n’ont pas pour objectif ultime de rivaliser entre elles… De même que les individus n’ont pas forcément l’égocentrisme (tout au moins : en principe) de vouloir imposer à leurs congénères, leurs propres point de vue !…

Au sujet de l’AÏKI-DO, j’en avais eu une première impression décevante, suite au stage que nous avions suivi à Cannes en 1955, avec Tadashi ABBE. Cet expert avait axé son stage de 15 jours, uniquement sur des « Kokyus » (qui sont des exercices sans apparentes constructions techniques, mais s’adaptant parfaitement aux déplacements, aux déséquilibres de l’autre)… Le résultat, (que nous n’avions pas perçu à cette époque), nous avait semblé très aléatoire

Ce n’est que 5 années plus tard, que j’ai rencontré incidemment, dans le club d’un ami judoka, à Saint-Raphaël, alors que je m’entraînais avec des judokas étrangers, un jeune expert japonais 6ème Dan d’ AÏKIDO, Maître Masamichi NORO, qui avait un cours après nos ébats. Alors que nous remettions le tapis en l’état pour leur stage, nous échangèrent avec l’organisateur de ce dernier : Mr J.NAESSENS, grand professeur à Bruxelles et ce jeune expert, quelques généralités sur nos disciplines réciproques. J’avoue avoir été ‘ »scotché » par les explications fournies sur cette nouvelle discipline, que je n’avais absolument pas su comprendre… J’ai donc essayé de pratiquer quelques jours, avec eux… et n’ai plus cessé depuis.

Les autres disciplines comme le KENDO ou le IAÏDO, ne m’ont intéressées, essentiellement que pour être solidaire de la section implantée au Club… La première satisfaisait pourtant ce trait de mon caractère, ayant une certaine tendance à la confrontation… Le Kendo permettant de libérer cette pulsion en l’exprimant par ailleurs, par des « Kiaïs » retentissants, destinés à impressionner son adversaire ! Le IAÏDO, différemment rejoignait la démarche relativement introvertie du Karate… Et comme dans celle-ci, elle s’exprime essentiellement par des exercices techniques, dans lesquels le véritable adversaire est soi-même. Cette discipline reste une introspection sur soi-même au travers de gestes martiaux, comme on en retrouve dans la pratique du KARATE

Je n’ai pas été attiré personnellement par d’autres disciplines, d’origine chinoises, car leurs expressions apparentes, ne semblent pas se soucier du « Kime », privilégiant (apparemment) la vitesse de frappe.

Personnellement en progressant dans l’étude de l’Aïkido, j’avais constaté que la pratique des techniques de Karaté SHOTOKAN, était en totale opposition avec celle utilisée en AÏKIDO… Alors qu’en SHOTOKAÏ, une certaine corrélation semblait se mettre en place !…

3/ Que vous ont apportés les arts martiaux à titre personnel ?

Un équilibre de vie et une meilleure compréhension des autres pratiquants… Un « Timing » qui me semble plus réel, plus juste, en meilleure adéquation avec l’instant présent et les personnes présentes. Ils m’ont appris à essayer de toujours donner le meilleur de moi-même, y compris dans des tâches professionnelles… Ils ont nettement modifiés mes rapports humains avec les autres.

4/ Quels sont vos souvenirs les plus marquants

Evidemment, ceux liés à mon enseignement… Quoique j’ai eu lors d’un stage avec Maître MURAKAMI à Chalon (je crois), un jeune Japonais qui cherchait à me faire attaquer, sans aucun répit. Exercice que nous appelions alors « MIDARE » ou « TIMING » ou encore »IRIMI », dans lesquels les frappes étaient perpétuelles et où il fallait parfois traverser tout le gymnase, au grès du lièvre, pour le rejoindre !… Après une durée interminable de cette poursuite, j’ai perdu le contrôle et suis tombé au centre, sans connaissance… Je ne sais la durée de cette coupure, mais à mon réveil tous les stagiaires couraient pour l’échauffement… Je ne connais guère l’incidence exacte de cette sorte de « cap », mais je constate pouvoir, sensiblement depuis cette période, réaliser mes « Irimi », dans le « timing » exact de l’attaque, être dorénavant en symbiose avec le rythme imposé…

Alors que le fait d’avoir plus de 80 ans devrait sous entendre un décalage normal inverse ?…

Dans un autre ordre d’idées, et dans mes réminiscences de mes différentes activités : Avant d’ouvrir mon propre club en Avril 1965, j’ai eu enseigné à différents endroits dont la MDJ de Rives de Giers, une dizaine d’années et le C.A.S.C.O.L à Oullins, également une douzaine d’années : club dont j’ai eu l’honneur d’être le premier enseignant d’Arts Martiaux…Quoique les jeunes qui venaient pratiquer étaient en général très forts mentalement. Je me souviens de l’un d’entre eux, chef d’une bande de blousons noirs de la région… (très en vogue à cette époque)! Tous les soirs d’entraînement je faisais après le cours, d’interminables « Randoris » avec lui !… Il se transcendait littéralement… J’avais l’impression de me mesurer à un gorille, tant son comportement était inhabituel… Et je devais être très vigilant pour conserver mon avantage technique ! Un soir, il est venu avec tout un groupe, une douzaine de ces petits durs, de tous gabarits, en me demandant de leur « casser la figure, car la moitié de sa bande ne m’avait pas trouvé impressionnant  » J’avais tenté de lui expliquer les objectifs profonds de nos disciplines … Mais il aurait voulu que je leur fasse sentir concrètement cette évidence ! J’ai appris, bien plus tard, qu’il avait cessé ses incartades et avait fondé une famille normale !…

A une autre époque, un prêtre étai venu me contacter pour animer un nouveau cours de JUDO de jeunes délinquants d’une vingtaine d’années, dans leurs locaux du quartier de Saint-Jean…L’idée de ce remake du film « Graines de Violence » m’avait emballé, d’autant que je m’étais déjà essayé à l’encadrement occasionnellement avec l’école de redressement de SACUNY, dans le Rhône. Ils étaient une douzaine, pleins d’énergie, cherchant journellement à s’imposer… Je cherchais à les faire s’exprimer au mieux de leurs capacités, tout en les corrigeant…L’un d’entre eux surtout, avait un potentiel très prometteur… J’ai dû animer cette section de « petits durs », plus de deux ans… Jusqu’au jour où l’on m’a appris que mon élève préféré, celui que je considérais comme le meilleur… s’était tué au volant d’une voiture volée !.. J’ai été profondément déçu de ce résultat nul !.. Et nous avons abandonné cette sorte de croisade, que je considérais alors sans espoir de réussite !… Or 25/30 ans après cette expérience malheureuse, je me trouvais représenter mon club, lors d’uns A.G. de notre ligue Rhône-Alpes, quand un grand gaillard, qu’il me semblait effectivement avoir connu, m’a interpellé lors du pot de l’amitié en me demandant si je me souvenais de lui? Il avait fait partie de mes douze petits durs..(J’avais failli écrire mes douze salopard !) Et qu’il était devenu maintenant le Président d’un club de la banlieue lyonnaise ! Il était effectivement devenu très pondéré et empli de cette responsabilité ennoblissant l’individu ! J’en suis resté totalement abasourdi… et conscient de m’être lourdement trompé d’objectif, je me suis laissé prendre au jeu de la « championnite »! Lorsque l’on enseigne, il n’est pas bon de se polariser sur tel ou tel ; Nous entreprenons une action collective dans laquelle la réussite ou l’échec de l’un n’a qu’une faible incidence sur celle de la collectivité !

J’ai eu depuis de nombreux cas, pour lesquels on ne connaît que rarement l’aboutissement final. Cela est sans importance : On doit croire en ce que nous transmettons, sans chercher à en vérifier nous-mêmes, la vérité.

« Si tu peux accepter triomphe après défaite, et accepter ces deux menteurs d’un même front »… a écrit (sensiblement) KIPLING, à juste titre et sans faire l’erreur de se limiter à tel ou tel !?

5/ Quels conseils « d’expert » donneriez-vous à un jeune ou moins jeune pratiquant ,

Expert est bien au dessus de mes quelques compétences, la seule dont je sois sûre est celle de l’Age ! Mais chose promise…

Quelqu’un a dit :  « On n’enseigne ni ce que l’on sait, ni ce que l’on fait, on enseigne ce que l’on est » IL faut donc veiller à être le plus authentique possible, à sa propre véracité, et les élèves sauront faire la différence !

Mais ce qui est absolument prescrit lorsque l’on enseigne est de se décourager, quelqu’en soient les raisons qui nous pousseraient à cette éventualité… Chaque cas est différent. Il nous appartient de décoder ces différences et d’apporter imperceptiblement les corrections nécessitées… Mais à la façon d’HERIGEL, ce philosophe allemand, qui prône dans son livre « Le zen par le tir à l’arc« , la discrétion dans notre façon de corriger l’autre… On ne doit pas propulser l’élève au dessus de l’obstacle… Mais il nous faut seulement l’aider à franchir, lui-même, ce mur de la connaissance !

Et ce qui est primordial chez l’enseignant ou l’organisateur, est de ne jamais se décourager !…

C’est ce que nous vous souhaitons en priorité… Bien sincères amitiés !

Bernard MONNERET